Kevin B. MacDonald
Préface de Philippe Baillet
Mouvance plutôt que mouvement véritablement structuré, le néoconservatisme – rassemblement de hauts responsables politiques, d’essayistes, de conférenciers, de journaux, revues et organisations – est pour Kevin MacDonald un cas d’école emblématique. Il présente en effet les quatre caractéristiques typiques, selon cet auteur, des phénomènes politico-culturels juifs au xxe siècle : l’ethnocentrisme, l’intelligence manœuvrière, l’hyperréactivité et l’agressivité.
Apparu durant le second mandat présidentiel de Ronald Reagan, le néoconservatisme a occupé le devant de la scène nord-américaine dans les années qui ont précédé l’invasion de l’Irak et pendant celle-ci. Bien que n’ayant jamais été très nombreux, les néoconservateurs ont exercé une influence considérable sur la politique étrangère des États-Unis, renforçant le poids du lobby juif dans les milieux de l’élite universitaire et politique. Ils ont su envelopper avec beaucoup d’habileté le discours particulariste juif, uniquement soucieux des intérêts de l’État d’Israël, dans la rhétorique universaliste d’un néowilsonisme casqué-botté se fixant pour objectif d’apporter la démocratie à la Terre entière.
Encore très mal connu en France, le néoconservatisme fait ici l’objet d’une salutaire mise en perspective : influence de la gauche antistalinienne des années quarante, savante utilisation des « idiots utiles » non juifs à mettre en vitrine – tel le sénateur démocrate Henry Jackson –, rapprochement trompeur avec la droite traditionnelle conservatrice au nom de l’hostilité commune (mais pas pour les mêmes raisons) à l’URSS, etc.
Loin des gros ouvrages lénifiants d’une prudence extrême sur le cœur même du phénomène, Kevin MacDonald va droit à l’essentiel et nous offre, en quelques dizaines de pages, un indispensable et impeccable vade-mecum du néoconservatisme.
96 p.